Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

D'après Louis Dufourcet, qui ne cite pas ses sources, le couvent des Carmes fut fondé à Dax à la fin du 13e siècle et se situait près de la porte Saint-Vincent. La première mention connue date de 1286. Le couvent aurait été démoli en 1523, à l'instar d'autres monuments situés à proximité des remparts, lorsque le gouverneur Haubardin de Luxenbourg fit renforcer l'enceinte de la ville. Les religieux obtinrent alors l'autorisation de s'installer intra-muros. Cependant, dans une lettre de 1457 conservée aux archives nationales (JJ 187), Charles VII ordonne la démolition de l'église et du couvent de Notre-Dame des Carmes qui entravent la défense de la ville car situés "devant l'une des principales portes" de la ville. En compensation, il offre une concession à l'intérieur des remparts. Une question se pose : est-ce que le couvent intra-muros date bien de 1457 ou est-ce que le déménagement n'a pas pu se faire avant 1523 ? En effet, à cette date d'importants travaux aux abords des remparts conduisent à la destruction de nombreux bâtiments. D'après la manuscrit de Compaigne (cité dans un document des archives départementales des Landes 2 Mi 16 R 85) : « Haubardin continue ses fortifications (1523). Les églises S. Eutrope, des Carmes, Ste Claire sont abattues, elles étaient hors la ville ; la 1ère joignait la porte de l’évêché, la seconde celle de Saint-Vincent, et la 3e celle de Notre Dame. Les Carmes furent placés dans la maison de Fourcau à côté de celle de M.Dayrose ; ensuite l’emplacement qu’ils ont aujourd’hui leur fut donné par M. Labarrière ancêtre de la maison d’Oro. »

Le couvent couvrait une surface d'environ 2 000 m² autour de la chapelle (actuel musée de Borda). En 1690, le couvent comptent 8 religieux. La chapelle était dédiée à l'Immaculée Conception et les chapelles latérales à saint Joseph et saint Simon-Stock, dont le couvent aurait conservé des reliques. Les Carmes bénéficiaient des revenus locatifs de plusieurs propriétés qu'ils possédaient à Dax (6 maisons rue des Carmes, 3 maisons rue de la Fontaine-Chaude, 1 maison rue Neuve, 1 maison sur des Pénitents et 1 maison rue des Bouchers) et de la production de plusieurs fermes situées à Dax. De nombreuses personnalités dacquoises s'offrent une sépulture aux Carmes. Sépultures et obits à la mémoire des défunts constituent donc une source de revenu pour les religieux. Certaines tombes sont encore visibles dans le couloir latéral, le choeur de la chapelle et la maison mitoyenne (au nord), laissant à penser que le couvent s'étendait aussi au nord.

Dans la chapelle se sont tenus les États généraux des Lannes en 1789. Suite à la vente des biens nationaux, leurs propriétés sont vendues le 22 juillet 1790. Les bâtiments conventuels furent vendus le 8 novembre 1792 à Labat (AD Landes I Q 103). L'église fut convertie en prison pour femmes. Marguerite Rutan, supérieure de l'hôpital de Dax, y fut incarcérée en 1793 avant son exécution en 1794. L'église et le cloître furent adjugés 14 218 francs le 14 juillet 1796 au même acheteur. Les parties hautes de la chapelle ont été démolies ainsi que les bâtiments conventuels et le cloître. La chapelle fut successivement occupée par une fonderie de suif, un atelier d'ébénisterie, un magasin d'antiquités surmonté d'un appartement. La ville acquiert l'immeuble en 1995 pour y installer le musée municipal de Borda. Aujourd'hui, on devine encore le plan de la chapelle en croix latine. Demeurent également d'autres vestiges dans le musée (arcades, niches) et certaines colonnes et arcades du cloître au 23 rue des Carmes.